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Art du Contretemps
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27 août 2012

Aurélie 1 & 2,

On était en pleine nuit, en cette fin du mois de mai. Elle était debout sous un vasistas et regardait les étoiles au-dessus d’elle. Elle avait un manteau sur les épaules, comme si elle était sur le départ, mais sous son manteau, elle était nue. Par la fenêtre entrebâillée, elle apercevait vaguement le parfum de l’été, des hibiscus et des roses des jardins les plus proches. Le jour avait commencé à poindre, et le ciel ressemblait à une énorme bille de verre bleue sur laquelle les étoiles formaient comme des gouttes de condensation laissées par un souffleur de verre invisible, occupé pour l’heure à y insuffler une nouvelle vie. Dans le lit derrière elle, Gilles la manchot se retourna et murmura une rafale de mots indistincts. Elle frissonna et serra un peu plus le manteau sur elle. Elle ne ressentait aucune honte. Elle se considérait comme une femme libre, et personne ne l’avait contrainte. Tout en regardant les étoiles, c’était à sa mère qu’elle pensait. Qu’aurait-elle dit, elle, si elle avait su ? L’aurait-elle mise en garde, l’index dressé : « Tu as vu ce qu’il est advenu de moi ! Deux mômes avec deux gus différents, avant de rencontrer ton père… ».

Il n’était pas le premier avec qui elle le faisait. Un apprenti charpentier rencontré lors de la fête de l’Huma deux ans plus tôt l’avait servie en vin chaud qu’il conservait dans une thermos. Jeune et inexpérimentée qu’elle était, elle l’avait suivi chez lui, dans une chambre en sous-sol à La Courneuve, où les rats faisaient un tel foin derrière les cloisons en Placo qu’elle s’était plus attachée à savoir si l’un d’eux cherchait à venir les rejoindre qu’à ce que l’autre trifouillait entre ses cuisses. Mais il était charmant avec son foulard « palestinien » autour du cou, et si excité à l’idée de réussir ce qu’il avait entrepris que tout avait été expédié en un tournemain. Elle avait alors pensé : « si je me retrouve avec un enfant maintenant…. »

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Commentaires
S
Je suis certaine que des centaines de femmes ont un jour pensé ces mots... Bravo Jean
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