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Art du Contretemps
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28 septembre 2012

Aurélie 5,

Plus tard, allongée dans le lit, elle avait caressé la cicatrice grossière et le petit moignon pitoyable qui pointait de l’épaule gauche, comme si c’était la tête d’un enfant prématuré, et elle l’aimait justement pour cette raison plus que n’importe quoi d’autre.

Elle se détourna de la fenêtre, retourna silencieusement vers le lit, se pencha et sortit l’une des cigarettes qu’il avait roulées, de l’étui portant l’inscription Tough box cigarette case, impressionnante quelle qu’en soit la signification. Elle la coinça entre ses lèvres et l’alluma.

Il entendit le craquement de l’allumette et ouvrit les yeux. Son visage était maigre et osseux. Manifestement, il avait grand besoin de tout son sommeil. En clignant les yeux, il se retourna sur le côté et tendit son unique bras vers elle. Elle inhala profondément la fumée de cigarette, si intensément qu’elle la sentit descendre jusque dans le bas de son ventre. La main légèrement arquée, il la caressa doucement sur le ventre et sur son sexe sombre. Elle fit un mouvement des épaules de telle sorte que son manteau tombe. La cigarette incandescente à la bouche, elle fit un petit pas en avant, à cheval sur son bras, et la tête renversée en arrière, elle passa lentement une main sur la pointe de ses seins tandis qu’il l’attrapait par l’arrière des cuises pour l’attirer vers lui et plaquer son visage contre les poils sombres couvrant la fente ouverte et humide qu’elle sentait comme une dépression chaude et aspirante. Elle retira ses lunettes, éteignit sa cigarette à tâtons dans le cendrier et le repoussa doucement mais fermement dans le lit avant de reprendre encore une fois possession de lui, de son corps jeune et fort, comme une révolutionnaire russe, assise à cheval sur un tracteur en route vers le soleil couchant. Le petit moignon de l’homme s’agitait désespérément vers le ciel, comme la nageoire d’un phoque captif. Mais l’autre bras la tenait si solidement qu’elle espéra qu’il ne relâcherait jamais son étreinte.

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Commentaires
T
joliment écrit ( comme toujours)
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